vendredi 21 avril 2017

Premiers essais de Non Metallic Metal

C'est décidé, je tente une nouvelle technique, le Non Metallic Metal. En résumé, cette technique consiste à peindre du métal sans utiliser une peinture contenant de pigments réfléchissants (dite peinture métallique).
Résultat sur ma première figouze en NMM
En suivant ce lien, nous verrons un peu de théorie et comment le peintre gaucher l'applique sur Slambo.

Le Non Metallic Metal, Késako?

Le Non Metallic Metal (ou NMM, ou Métal non Metallique dans notre langue), c'est ni plus ni moins qu'un technique qui existe depuis des années (voire siècles) dans la peinture, comme on peut le voir dans ce tableau de Véronèse du XVIe siècle, où l'armure de son sujet n'est fait que de (50 ?) nuances de gris, sans une trace de pigments argentées.
Portrait d'Agostino Barbarigo, Paul Véronèse (1571). Source: Cleveland Museum of Art
Cette technique n'est en fait qu'appliquer une technique ancestrale planaire sur une figurine en 3 dimensions.
Le principe en est simple: assombrir au maximum les endroits qui ne captent pas la lumière, et éclaircir au maximum là où la lumière frappe le métal. C'est donc un simple trompe l’œil pour donner l'impression de miroitement d'une surface que notre cerveau interprète ensuite comme une matière métallique.
Appliquée à nos chers pitoux, l'objectif est rigoureusement le même, pour une teinte donnée, jouer sur les nuances d'une couleur afin de donner l'impression d'une surface réfléchissante, donc métallique. On applique en 3D une technique 2D! Et comme d'habitude, vue la taille de nos miniatures, il faut exagérer encore plus les assombrissements et les éclaircissements.

Un peu de théorie.

Essayons d'être simple et didactique (ignorant volontairement certains phénomènes comme l'absorption, la diffraction et autres théorie de perception des couleurs...).
Les lois d'optique (dites loi de Snell-Descartes) pour la réflexion, nous disent que les rayons incident et réfléchi pas une surface forment un angle égal avec la normal de la surface au point d'incidence sur une surface miroir parfaite.
source: wikipedia
Ensuite, le phénomène de diffusion pointe son nez. Comme les surfaces sont jamais parfaitement planes, des rayons même très proches vont se réfléchir avec des angles différents, donc un pinceau de lumière se réfléchissant (et donc se diffusant), peut éclairer dans toute les directions.
source: wikipedia
Une surface matte, comme nos figouzes peintes donnent une diffusion quasiment égale dans toutes les directions, par conséquent, la lumière s'y accroche peu. 
Une surface parfaite sera un miroir où seule la réflexion spéculaire se produit.
Puis on a toutes les additions possibles entre réflexion diffusion et réflexion spéculaire.
source: http://www.enssib.fr
Pour une surface métallique réelle on admet que plus l'angle entre l'observateur (notre œil) s’éloigne de l'angle de réflexion spéculaire, moins la lumière sera réfléchie:
Donc la brillance (ce que nous percevons), sera plus forte là ou frappe la lumière et s'estompera de plus en plus en s’éloignant, en fonction de l'angle entre le rayon spéculaire réfléchi et la ligne entre l’œil et le point de la surface.
En appliquant ce principe, on obtient pour les formes simples ce type de rendu:

Comment appliquer cette théorie?

Comme dit dans l'introduction, l'objectif est de simuler cette réflexion, en jouant sur les nuances d'une couleur de base (gris pour l'argent et le fer, jaune pour l'or, rouge pour le cuivre ou toute autre couleur pour un métal déjà colorée). Un gros avantage de cette technique, c'est que la figurine ne subit plus son éclairage, mais le peintre décide d'où vient la lumière. La lumière zénithale (provenant d'en haut, comme sous le soleil à midi pile) est la plus communément utilisée, mais rien n’empêche de simuler un éclairage frontal, de côté...
influence de la position de la lumière (source)
Enfin, comme dit dans cet article, il faut exagérer les contrastes au maximum pour bien distinguer les détails sur une figurine. Par conséquent, passer d'une nuance sombre à une très claire pour bien marquer les ombrages et les zones réfléchissantes. 
Les techniques usuelles (couleur de base, puis assombrissement dans les creux, et éclaircissement sur les bosses et éclaircissement extrême sur les bords vifs) ne font qu'appliquer le même principe. La difficulté pour le métal non métallique, c'est la surface à traiter n'a pas de forte courbures ou de discontinuités (plis d'un tissus, nez du visage, bord d’épaulette) mais est plutôt quasi plane ou faiblement courbée (bouclier, torse d'armure). Ceci impose des fondus poussés entre les nuances, rendu qui demande beaucoup de pratique et de maîtrise.
L'autre difficulté, c'est de bien choisir les partie sensées capter la lumière. C'est assez simple à appréhender sur des surfaces simples, mais ça se complique pour des surfaces plus complexes.  
Bilbo Braggins, un peintre du studio GW frise la perfection avec cette magnifique pièce. Respect. (source)
Et me voilà donc à vouloir moi aussi m'y mettre, sur la même figurine que la photo précédente pour deux raisons principales. La première, c'est la volonté d'apprendre de nouvelles techniques (en particulier les dégradés), la deuxième, c'est que, avec les photos de cette figurine, pas besoin de me creuser la tête pour savoir où poser les reflets. Accessoirement, c'est aussi parce qu'on m'a subtilisé mon Slambo ancienne version il y a plusieurs années de cela et que j'adore cette figurine. J'en ai profité, quitte à se mettre la pression, pour m'inscrire à un concours de peinture organisé par un site fort sympathique (DiceRoller TV pour ses 1000 abonnés), dont le thème, 'par le fer et le sang' se prête parfaitement à cette technique et à ce schéma de couleur (le vert pour contraster le rouge sang).

Quand il faut y aller...

Il faut bien se lancer...
Je commence par choisir une suite de couleur pour représenter les différentes nuances que je vais appliquer:
Je pars donc du noir et puise les pots un à un pour aboutir à ça
Je pense que le blanc n'apportera pas grand-chose sur le rendu final, je l’élimine, tout comme le noir car je veux garder une touche de vert partout. La couleur au centre (Moot Green) étant trop claire pour une figurine sensé être un héros du Chaos, je pars plutôt sur une couche de base en Warpstone Glow, que je nuancerai ensuite pour donner l'impression des reflets.
L'aplat fini (4 couches diluées, c'est une layer, pas une base donc moins couvrante), les choses sérieuses vont commencer

Les dégradés

Le point central. En effet, le NMM n'est pas une technique au sens littéral, mais plutôt l'utilisation de techniques de dégradé pour obtenir un rendu, tout comme éclaircissement peut se faire pas brossage à sec, rehaut, lavis successifs... Il existe environ autant de manière d'obtenir un dégradé que de poils sur un pinceau. Un rapide tour sur internet et la littérature et on trouve (en résumé, voire en raccourci rapide):
- Le lavis successifs: Poser plusieurs couches de peintures très fines et très diluées en réduisant au fur et à mesure la surface d'application tout en changeant la nuance.
- Le dégradé dans le frais: On mélange les 2 nuances qu'on vient de poser directement sur la figurine.
- Le Feathering (connais pas le nom en français): On pose un point de peinture dilué pour ensuite l’étaler sur la partie à couvrir avec un pinceau juste humide
- etc. etc.
Et je passe les subtilités de ces grandes familles (avec 1 ou 2 pinceaux, avec ou sans retardateur acrylique, premix des couleurs...)
N'hésitez pas à regarder des vidéos sur ces techniques, c'est passionnant !
Pour ma part, je pars sur 2 techniques le feathering pour assombrir et les lavis successifs pour éclaircir, le tout à partir de mon aplat pour finir par un edge highlighting des angles. Voici les détails:

Assombrissement: je mélange à 3 pour 1 du Warpstone Green et du  Caliban Green, je dilue, pose un goutte sur la partie que je veux la plus sombre et avec un autre pinceau juste humide 'étale' la peinture jusqu'à un peu plus loin que l'endroit où je veux commencer à éclaircir. Quand je dis 'étale', il faut en fait placer le pinceau humide au bord de la goutte de peinture posée précédemment, avancer ce pinceau pour aspirer un peu de peinture et immédiatement repartir dans l'autre sens pour déposer les pigments ainsi aspirés sur le reste de la surface. La capillarité fera le reste en déposant de moins en moins de pigments au fur et à mesure qu'on s’éloigne (la peinture déposée va vider la pointe et donc elle se remplira en aspirant l'eau du réservoir du pinceau, pour diluer progressivement la peinture). On recommence avec un mélange 2 pour 1 et ainsi de suite pour finir par du Caliban Green pur, à chaque fois en réduisant la surface d'application.

Éclaircissement: Je pose sur ma palette (humide bien sûr), du Warpstone Green, du Moot Green et du Flash Gitz Yellow ainsi qu'une grosse goutte d'eau. Je puise un peu de Wrapstone Green, passe la pointe de mon pinceau dans la goutte d'eau, mélange bien sur un endroit propre de la palette, passe légèrement le pinceau sur de l'essuie tout pour bien maîtriser la quantité de peinture (car fortement diluée) et passe celui-ci sur la fig au niveau où j'ai arrêté les assombrissements. Je vais toujours de l'endroit le plus foncé vers l'endroit le plus clair car j'ai remarqué que les pigments ont tendance à s'accumuler là où on lève le pinceau de la figurine. J'aspire et j’étale d'ailleurs généralement ce point d'accumulation avec un autre pinceau légèrement humide (Ne pas oublier, comme je l'ai fait de rincer ce pinceau, sinon, peinture séchée dessus assurée, pas bon pour lui ça). Ensuite, on recommence, en prenant un peu de Moot Green avec le Caliban Green en appliquant un peu plus loin, et on recommence plusieurs fois en prenant à chaque fois de plus en plus de Moot Green, à chaque fois un peu plus loin, puis on passe au Moot Green pur puis on refait avec du Flash Gitz Yellow. Bref, beaucoup de couches (10? 11?), en étant rapide et concentré.
Un fois le dégradé obtenu, je passe quelques traits fins de jaune très diluée (en dégradant également pour être plus jaune vers le haut)

Petite astuce au passage: l'aide d'un-sèche cheveux est indispensable pour ne pas passer son temps à attendre entre 2 couches pour les dégradés. Je me suis procuré un petit de voyage pour moins de 10€ à mon supermarché, cela fait largement l'affaire !

Finitions: Un bon glacis verts sur toute la surface (Biel Tan Green + Medium à 1 pour 3) et une micro goutte de Biel Tan Green autours des rivets et un edge highlighting Flash Gitz Yellow sur tous les angles et le haut des rivets, suivi par un deuxième (Dorn Yellow) là où la lumière est sensé s'accumuler, et c'est fini pour l'armure!
Un petit zoom (désolé pour la netteté)
Je m'attaque au reste (partie en or, armes, cotte de maille, bottes, etc.) de manière plus classique pour arriver à ce résultat:
Posé sur un essuie-tout qui aspirait le surplus de peinture. On voit le nombre de nuances utilisées!

Reste les cornes et le socle

Pour les cornes, c'est reparti pour un dégradé, mais de rouge cette fois. La figurine étant très (trop?) verte, elle a besoin de contraste. Je pars donc sur un dégradé par lavis successif avec cette suite de couleurs:

Pour les mêmes raisons de contrastes, je pars sur un socle plutôt rouge. Après 2 essais de socles en lave catastrophiques, je pars finalement pour une rivière de sang (pour le Dieu du Sang!). Je prends un morceau d'ardoise sous couché et... le repeint en ardoise (!!!). Je sais ça parait inutile, mais ça permet d'accentuer les contrastes aux bords. Du noir, quelques brossages à sec avec des gris de plus en plus clairs et légers, un glacis bleu pour le compléter. Je noie ensuite un crâne dans une grosse couche de colle PVA, que je peints une fois sèche en rouge, y ajoute quelques lignes de orange pour simuler un courant, puis une couche de Blood for the Blood God pour donner l'effet sang frais brillant. J'en ajoute au passage sur une hache avec quelques éclaboussures sur l'armure. Et c'est fini:
Image soumise pour le concours DiceRoller1K

Bilan

Je me suis posé un défi, je l'ai relevé, j'ai testé du Non Metallic Metal. Le résultat est-il satisfaisant? Pour un premier essai, je trouve que c'est plutôt pas mal, même si très largement perfectible. Je pense en effet avoir mieux réussi le dégradé des cornes, élément plutôt périphérique, que ceux de l'armure. De plus, mes edges highlights ne sont pas assez régulier pour avoir un rendu propre. Tout de même, je considère avoir appris, ce qui est très bien, mais pas encore avoir passé au niveau supérieur. Il me faudra encore pas mal de pratique pour ça.
Mon avis mitigé est d'ailleurs confirmé pour ma 10ème place au classement du concours pour lequel j'ai fait cette figurine, sur les 32 participants. Et je l'avoue, ce classement est une grosse déception car je m'imaginais quand même un peu plus haut (par contre, le podium est largement mérité).
Qu'à cela ne tienne! Rendez-vous au prochain concours, ou au prochain essai de nouvelle technique, pour passer au niveau supérieur !

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